Le moulin de Brisepot fait partie des ouvrages bien entrenus de la vallée de la Bresle. Ses propriétaires, Claude et Yveline DEHAN ont depuis 2007 entrepris sa rénovation. La roue du moulin, reliée à un alternateur assure une petite production électrique. Une partie assure les besoins de l'habitation et l'excédent est revendu à EDF.
L'ouvrage assure une petite production électrique
Avant la réalisation des travaux, les poissons migrateurs de la Bresle rencontraient des difficultés pour franchir cet ouvrage de plus d'1 mètre de hauteur. Le radier de l'ouvrage offrait une lame d'eau insuffisante aux poissons qui souhaitaient le franchir. En plus, cet ouvrage est situé à 55km de la mer, ce qui compliquait la tache puisque les poissons se trouvaient très allourdis par leurs oeufs qui se dévelloppent en même temps que leur remontée. L'ouvrage devait donc faire l'objet d'un aménagement pour faciliter les migrations piscicoles.
En 2013, les Dehan ont eu l'idée suivante : utiliser le canal de dérivation du moulin pour faire une passe à poissons. Le contexte s'y prétait bien : ce canal, en eau depuis la dégradation d'un vannage s'écoulait dans une parcelle agricole et pénalisait l'exploitation du fourrage. Il a donc été décidé de le raccourcir et de rapprocher son exutoire de la chute d'eau du moulin.
L'eau du canal de dérivation se perdait dans un champs agricole avant de rejoindre la Bresle 200 mètres en aval de la chute d'eau du moulin
L'idée des "Dehan" a été soumise aux services de l'Institution de la Bresle qui convaincus de la pertinence de la solution ont accepté d'accompagner les propriétaires dans sa réalisation.
Début 2014, les services de l'Institution ont réalisé des mesures pour s'assurer du bien fondé technique de la solution.
Mesure de pente et de débit au sein du canal de dérivation
Relevés topographiques pour connaitre la dénivellé et la pente du futur tracé
A partir de ces relevés, l'Institution a sollicité auprès de l'administration compétente les autorisations nécéssaires, obtenues en septembre 2014. Les travaux pouvaient débuter.
Les époux Dehan, grâce à leur propre pelleteuse et leur micro tracteur ont entammé la construction de leur passe à poissons.
L'excédent des produits de terassement a pu être utilisé pour rétrécir une partie du canal de dérivation.
La passe à poissons en cours de terrassement
Vers la fin octobre 2014, après environ 3 semaines de travail, l'ouvrage est mis en eau, la continuité écologique est rétablie.
Afin d'assurer leur maintien, les berges ont ensuite été plantées d'aulnes, d'iris ou encore d'herbacés de milieu humide. Quelques éclaircies ont été réalisées pour laisser la lumière pénétrer.
6 mois plus tard, l'ensemble semble très bien fonctionner et les poissons sont attirés par ce jet puissant qui vient sur la gauche, "couper" la fosse de dissipation des écoulement située juste avant la chute du moulin.
Le 8 aout 2015, Madame et Monsieur Dehan ont pu présenter leur réalisation aux élus de la vallée ainsi qu'à une vingtaine de propriétaires de moulin.
Un projet qui a beaucoup séduit pour sa rapidité de mise en oeuvre, son efficacité technique et son coût réduit.
http://www.courrier-picard.fr/region/somme-une-treve-dans-la-guerre-des-moulins-ia0b0n617464